Fost Plus met en place des projets-pilotes avec les communes et les intercommunales pour renforcer la lutte contre les déchets sauvages
Aujourd’hui, le cadre juridique et financier en matière de malpropreté publique prend une autre tournure. En effet, les entreprises qui mettent certains produits en plastique (dont les emballages) sur le marché européen sont tenues, conformément à la directive européenne sur les plastiques à usage unique, de prendre en charge notamment les coûts de sensibilisation, de nettoyage et de traitement des déchets sauvages proportionnellement à la part de déchets dont ils sont responsables. Dans le cadre de la transposition de cette directive dans la législation belge, les trois régions travaillent actuellement à la rédaction d’un Accord de coopération interrégional,qui, soit dit en passant, vise un éventail plus large de produits dans les déchets sauvagges. En prévision de cette ACI, nous mettons en place des projets pilotes pour mettre en pratique une approche centralisée des déchets sauvages. De cette manière, nous prenons de l'avance et pouvons commencer à travailler efficacement dès que le cadre juridique le permettra.
Collaboration sur le terrain
Économies d’échelle, échange de connaissances et maîtrise des coûts. Tels sont les trois avantages du modèle de collaboration que nous prévoyons en vue d’améliorer la propreté publique. Il s’agit donc de collaborer avec les villes et communes sur le terrain, avec les décideurs politiques locaux et régionaux ainsi qu’avec des opérateurs de gestion des déchets, en coordination avec des centres d’expertise en matière de déchets sauvages tels que Mooimakers et BeWaPP. Afin de démontrer les avantages d’une telle collaboration, nous avons lancé des projets-pilotes avec l’intercommunale IVAGO (pour Gand) et les communes d’Erpe-Mere et d’Aalter en Flandre. En Wallonie, nous travaillons avec les intercommunales TIBI (pour Charleroi) et IDELUX (pour les communes de Bouillon, Malmedy, Hotton et Tintigny). Cela nous permet de tester notre approche dans des contextes variés qui reflètent la diversité du paysage belge. Les échanges se font dans les deux sens : nous obtenons une vue plus claire du fonctionnement actuel de la gestion opérationnelle des déchets sauvages, et nos partenaires reçoivent des moyens supplémentaires pour lancer des actions susceptibles de servir de modèle à un éventuel déploiement.
Une approche 'zones à risque’ à Erpe-Mere
À la suite de relevés de déchets sauvages et d'une enquête de perception, une approche des zones à risque a été mise en place dans la rue Steenstraat à Erpe-Mere, une zone à la fois commerciale et résidentielle. Cette initiative visait à engager à la fois les résidents, les commerçants et les visiteurs grâce à de nouvelles infrastructures et une communication renforcée. Des mesures concrètes ont été prises, notamment l’installation d’îlots de tri supplémentaires devant les commerces, l’ajout d’une poubelle publique supplémentaire et l’intensification des opérations de nettoyage par les services municipaux.
Lors d’une deuxième enquête réalisée après ces interventions, bien que les participants expriment toujours leur mécontentement face aux déchets sauvages, ils reconnaissent une amélioration générale de la propreté dans la rue Steenstraat. Le taux de satisfaction quant à la propreté a augmenté significativement, passant de 42 % lors de la première enquête à 75 %. De plus, le nombre de personnes déclarant qu’il y a « beaucoup à énormément de déchets sauvages » dans la rue a diminué de manière significative, passant de 50 % à seulement 31 %. Des relevés continuent d’être effectués pour évaluer l’impact à long terme de ces mesures.
Deux types d’approche pour IDELUX
Le partenariat avec IDELUX, accompagnant 55 communes de la province du Luxembourg, vise à mieux comprendre les causes de la malpropreté publique et à y apporter des réponses appropriées, en vue de créer un espace public plus propre.
Le projet comprend deux approches. Une approche générique développée avec IDELUX consiste à offrir aux 55 communes de la zone des affiches de sensibilisation pouvant être placées aux endroits régulièrement impactés par les déchets abandonnés dans l’espace public tels que l’entrée d’un club de sport, d’un centre culturel, d’une administration ou encore près d’un abri de bus ou d’une école. Au total, 3 000 affiches et 1 100 panneaux, en français et en allemand, seront disséminés dans la région. Ces affiches mettent en évidence le temps de dégradation des déchets abandonnés dans la nature.
La seconde approche du projet pilote cible quatre communes spécifiques à IDELUX : Bouillon, Hotton, Malmedy et Tintigny. Ces communes sont confrontées à divers types d'incivilités, notamment des sorties de sacs poubelles hors des horaires de collecte, une mauvaise utilisation des poubelles publiques par les riverains, des infrastructures inadaptées à l'afflux saisonnier touristique. Elles souhaitent également installer des îlots de déchets dans les espaces publics pour favoriser la collecte sélective. En collaboration avec IDELUX et Fost Plus, ces communes ont défini différentes actions spécifiques visant à répondre à ces nuisances. Ce plan renforce les initiatives déjà entreprises par les communes.
Rendre les données accessibles à Aalter
Chaque ville ou commune élabore un plan d'actions prenant en compte divers indicateurs tels que le nombre de poubelles, les zones à problèmes de déchets sauvages, et les quantités collectées dans les poubelles publiques. Cependant, il est souvent difficile de gérer cette multitude d'informations. Nous travaillons à rendre plus transparente l'utilisation des ressources en matière de propreté publique en effectuant des relevés de déchets sauvages et en surveillant le remplissage des poubelles publiques.
Après avoir évalué les données disponibles à Aalter, il est apparu que l'accès à ces informations était problématique. Pour remédier à cela, plusieurs mesures ont été prises :
- Une cartographie des poubelles de rue a été réalisée afin de mesurer leur degré de remplissage. Cela a permis de repérer les points problématiques où les déchets étaient mal gérés, conduisant à la suppression ou au remplacement de certaines poubelles.
- Un conteneur spécifique a été installé près des entrepôts municipaux pour collecter les déchets des poubelles de rue, facilitant la mesure et le reporting des quantités.
- Les relevés de déchets sauvages ont permis d’identifier les zones les plus 'sales’ de la commune, déclenchant une étude approfondie pour élaborer un plan d'actions approprié.
TIBI mise sur la surveillance
L'intercommunale TIBI est traditionnellement responsable de la collecte et de la gestion des déchets ménagers dans 14 communes de la région de Charleroi. Depuis 2018, TIBI est également responsable de la gestion de la propreté publique à Charleroi et depuis 2023 également à Aiseau-Presle. C'est exceptionnel, car il s'agit généralement d'une responsabilité des villes et communes. Avec notre aide, ils étendent maintenant leur domaine d'action à la surveillance ; un service qu'ils souhaitent proposer à toutes les villes et communes wallonnes. Étant donné que c'est une première pour une intercommunale, nous mettons en place, avec le soutien de Be WaPP, les contours d'une approche coercitive intercommunalisée. Cela repose d'une part sur le recrutement d’agents constatateurs intercommunaux et d'autre part sur l'utilisation d'équipements de vidéosurveillance. De plus, TIBI participe à des échanges de bonnes pratiques avec l’intercommunale IVAGO, dans la mesure où ces deux organisations présentent de nombreux points communs, tant du point de vue de la gestion des déchets ménagers que de ceux issus de la propreté publique.
IVAGO teste l'IA
En collaboration avec IVAGO, nous testons les possibilités de l'intelligence artificielle pour analyser les niveaux de propreté. Plusieurs caméras installées sur des véhicules de service scannent les rues et enregistrent le nombre et le type de déchets sauvages présents. Le test doit permettre d'évaluer si cette nouvelle méthode de mesure offre de résultats fiables, comparables à ceux obtenus à l’aide de la surveillance manuelle actuelle réalisée par IVAGO. De plus, les zones à risque sont également cartographiées, ce qui permet d'évaluer si les fréquences de balayage doivent être ajustées. Nous attendons donc avec impatience les premiers résultats.
Ces projets pilotes seront en cours jusqu'à la fin du mois d'août 2024. Les prochaines étapes impliqueront principalement la continuation du déploiement des actions définies et la surveillance continue de leur effet sur la propreté.