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Emballages réutilisables dans l’horeca : est-il temps de les adopter ?

 

Les emballages réutilisables sont une solution d’avenir, et les plats à emporter n’y font pas exception. « C’est une nouvelle habitude à prendre, tant pour les établissements horeca que pour les clients. Les entrepreneurs malins y verront l’opportunité parfaite d’améliorer l’expérience de leurs clients et de s’engager sur la voie de la durabilité » explique Hélène Snyers, Re-Use Advisor chez Fost Plus.

Les plats à emporter deviennent de plus en plus populaires auprès des consommateurs à la page. Malheureusement, cette tendance a aussi ses inconvénients : elle génère des tonnes de déchets, souvent non recyclables, qui, dans le pire des cas, se retrouvent dans la nature ou dans les rues. Et les pouvoirs publics entendent bien s’attaquer à ce phénomène.

Une législation en rapide évolution

Les emballages en plastique à usage unique sont les premiers dans le collimateur des législateurs. En Belgique, le gouvernement fédéral a interdit la vente de gobelets et de couverts en plastique à usage unique en 20**. Peu après, les régions ont imposé l’utilisation de vaisselle réutilisable (couverts y compris) pour les organisateurs de festivals et autres événements.

Le nouveau règlement européen sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWR), lui, va encore plus loin. Les établissements horeca devront autoriser les consommateurs à utiliser leurs propres contenants, mais aussi proposer une alternative réutilisable pour chaque emballage. D’ici 2030, 10 % de tous les produits devront en outre être proposés dans un emballage non seulement réutilisable, mais qui puisse aussi être collecté sur le site de l’exploitant.

« En bref, tous les établissements horeca devront travailler sur leur offre d’emballages réutilisables à court terme, ce qui confrontera le secteur à de nombreux défis, à commencer par le plan logistique. Que mettre en place pour récupérer tous les emballages ? Qui va les collecter et les laver ? Et la sécurité alimentaire sera-t-elle préservée ? Il n’est en outre pas possible de simplement remplacer un emballage par un autre. Il va falloir adapter tout le système, instaurer de nouvelles habitudes pour l’horeca et les consommateurs », souligne Hélène Snyers.

Terugname koffiebekers

Inspiration pratique

Heureusement, il existe de nombreux exemples pratiques pour donner des idées au secteur. Les gobelets réutilisables sont maintenant la norme lors des festivals et événements et ont même démontré leur utilité en d’autres endroits.

Komida, les restaurants universitaires de l’UAntwerpen, proposaient déjà les premiers contenants réutilisables pour les salades à emporter en 2015. « Depuis, nous avons appris ce qui fonctionnait », explique An Op de Beeck, Coordinatrice générale. « Nous avons d’abord introduit un système de caution avant de passer à un modèle semblable à celui des bibliothèques, où les étudiants ne paient rien s’ils rapportent les contenants dans le délai imparti. Dans le cas contrait, ils reçoivent une « amende » qui est retenue sur leur carte pour couvrir le prix du contenant. Nous récupérons les récipients par le biais de boîtes de retour, un système très pratique pour les utilisateurs. La bonne nouvelle, c’est que les frais sont à présent comparables à ceux des emballages à usage unique. L’année prochaine, nous instaurerons un système similaire pour les gobelets de café et les desserts. »

Tester des alternatives pour les plats à emporter

Le secteur des plats à emporter teste lui aussi de nouvelles solutions. Bavet s’est ainsi associé à Deliveroo à l’automne 2024 pour proposer un projet pilote dans le cadre du Green Deal flamand « Anders Verpakt ». « Les clients des restaurants louvanistes ont droit à une réduction quand ils choisissent des emballages réutilisables », commente Jelle Lissens, Manager Food & Beverage chez Bavet. « Les premiers résultats ont été encourageants : 6 % des clients ont opté pour ce système pour les livraisons, et 16 % l’ont choisi en venant chercher leur commande. Nous avons également eu beaucoup de réactions positives sur les réseaux sociaux, ce qui montre l’engouement pour ce sujet. Je dois cependant admettre que le retour des emballages ne va pas de soi. Les clients ne doivent pas payer de caution, ce qui ne les incite pas à prendre cette peine. À l’avenir, nous devrons donc être plus attentifs à la facilité d’utilisation de ce modèle pour les consommateurs. »

À Malines, des boîtes de pizza réutilisables ont vu le jour à l’initiative de Kingslize, de la ville et de Boemerang, un projet de l’entreprise de travail adapté MIVAS. « En Belgique, plus de 16 millions de boîtes de pizza terminent chaque année dans les déchets résiduels », souligne Karin Verhaegen de l’entreprise MIVAS. « Pour ce projet, nous avons créé une boîte réutilisable qui préserve le croustillant des pizzas et simplifie leur transport. L’idée est de développer un système de pooling ; les clients pourront ramener les boîtes dans plusieurs établissements, puis elles seront centralisées, collectées et nettoyées. Cette méthode vise la facilité pour les consommateurs et les établissements horeca. Lors du premier projet pilote, nous avons réalisé 1 874 cycles en trois mois, qui comprenaient 1 821 boîtes de pizza. Ces chiffres sont prometteurs ! »

Herbruikbare pizzadoos

Il est temps d’agir

« Bien qu’il nous reste beaucoup à faire, nous constatons de nombreuses évolutions sur le marché », conclut Hélène Snyers. « De nouveaux acteurs et des propositions innovantes apparaissent chaque jour. Les entrepreneurs qui souhaitent se lancer aujourd’hui peuvent s’appuyer sur l’une des initiatives existantes. Cela n’a pas de sens de réinventer la poudre à chaque fois. Pour ceux qui veulent sauter le pas, c’est probablement le bon moment. »