La Belgique est désormais un précurseur en matière de recyclage des emballages ménagers en Europe. Le maintien au maximum des matières premières dans le circuit par le biais d’une technologie propre et verte, ainsi que la neutralité carbone, sont au cœur du passage à une économie circulaire. Pour le verre, le métal et le papier-carton, le processus de recyclage est rarement remis en question à cet égard. Le recyclage des plastiques, en revanche, est encore en plein développement. C’est certainement le cas du recyclage des nouveaux types d’emballages en plastique, qui n’ont pas encore été collectés, triés, ni recyclés à grande échelle, comme les films, barquettes et sachets en plastique. C’est pourquoi le recyclage chimique est de plus en plus souvent envisagé comme solution définitive pour le recyclage des emballages ménagers en plastique. Pourtant, ce n’est pas si simple. Voici un exposé des défis.
Le recyclage chimique : comment et pourquoi ?
Le recyclage chimique consiste à dégrader la structure chimique du plastique jusqu’à obtention de ses composants de base : des polymères aux particules d’hydrogène les plus élémentaires. Ces particules peuvent alors servir à fabriquer d’autres plastiques, mais aussi des produits chimiques ou des carburants. On distingue d’ordinaire trois techniques de recyclage chimique :
- Dissolution/purification : extraction à base de solvants, qui consiste à dissoudre le plastique pour libérer le polymère d’origine. Cette technique s’applique à la fraction pure du PVC, du PS et des polyoléfines.
- Dépolymérisation : la liaison entre certains types de polymères est brisée par la chaleur, afin de revenir aux blocs monomères qui constituent le polymère. Est utilisé pour les fractions pures de PET, PA, PLA et PC.
- « Feed-stock recycling » ou dégradation thermochimique : elle consiste à chauffer le plastique en présence d’oxygène (gazage) ou sans oxygène (pyrolyse). Le plastique est alors transformé en différentes molécules qui composent les chaînes d’hydrocarbures. Ces deux techniques s’appliquent aux plastiques mixtes.
Le recyclage chimique présente trois avantages importants par rapport au recyclage mécanique traditionnel :
- Il permet de décolorer le matériau. Le recyclage chimique peut rendre le matériau recyclé totalement transparent et incolore. Le recyclage des bouteilles vertes en bouteilles incolores transparentes, par exemple, devrait donc être possible.
- La dégradation thermique progressive est contrecarrée. Un recyclage mécanique répété attaque le plastique, ce qui détruit les chaînes de plastique, provoquant une altération de la couleur ou des taches opaques.
- Le matériau étant dégradé jusqu’à ses éléments basiques, il n’y a pas d’accumulation de contaminants, comme ce serait le cas lors de cycles de recyclage mécanique successifs. Lors d’un recyclage mécanique, ce problème peut être contré par l’ajout d’additifs.
C’est en raison de ces avantages que le recyclage chimique est souvent mis en avant comme solution pour remplacer le recyclage mécanique, ou pour recycler les derniers pourcentages de matière plastique qui s’échappent encore de la chaîne à l’heure actuelle. On considère aussi à cet égard les flux de déchets pollués ou mixtes.
Un mauvais raisonnement en ce qui concerne le recyclage chimique
C’est justement là que se situe l’erreur de raisonnement. À l’heure actuelle, Fost Plus trie les PMC en 14 flux de matériaux, dont deux flux mixtes. C’est logique, étant donné le haut degré de pureté qui est exigé des autres flux. Certains emballages ne répondent pas à ces critères de qualité, ou ne sont pas reconnus par les machines de tri, notamment lorsque le consommateur glisse les emballages les uns dans les autres. Les applications du recyclat issu de ces flux mixtes sont encore limitées. C’est pourquoi on suppose, souvent (à tort), que ces flux bénéficieraient davantage d’un recyclage chimique.
Le même raisonnement s’applique aux emballages constitués de différents matériaux qui ne peuvent pas être séparés les uns des autres. Pour l’instant, ils ne peuvent souvent pas être recyclés (mécaniquement).
Mais le recyclage chimique ne réglerait pas ces problèmes. En effet, pour pouvoir être rentables à grande échelle, les flux destinés au recyclage chimique doivent être purs également, comme ceux destinés au recyclage mécanique. Les flux pollués ou mixtes ne trouvent donc pas non plus leur débouché dans cette méthode de recyclage. Et pour les flux purs, il existe de toute façon déjà un marché mature. Un marché mature qui, en outre, émet moins de CO2 et entraîne moins de coûts.
Projets pilotes et innovation en matière d’emballages
Cela veut-il dire pour autant que Fost Plus ne voit aucun avenir dans le recyclage chimique ? Non, tout de même pas. Le recyclage chimique à grande échelle n’en est qu’à ses débuts. Toutefois, pour que cette technologie soit rentable, des investissements importants s’imposent. Nous croyons fermement que le recyclage chimique évoluera dans les prochaines années, et apportera une valeur ajoutée qui viendra compléter le recyclage mécanique. Une foule de projets pilotes sont en cours, que nous suivons de près et soutenons activement.
D’autre part, il sera toujours important de commercialiser des emballages qui soient aussi effectivement recyclables, quelle que soit la technologie employée. L’écomodulation inhérente au Point Vert encourage financièrement les entreprises à faire le choix d’emballages qui soient compatibles avec le système de collecte, de tri et de recyclage. C’est pourquoi nous soutenons les entreprises qui commercialisent des produits emballés en leur offrant des conseils d’innovation pour produire des emballages plus recyclables.
Dans le cadre de l’économie circulaire, nous nous efforçons de maintenir autant que possible les matériaux dans la chaîne, en tant que matières premières secondaires pour de nouveaux produits ou emballages. Nous ignorons encore quel rôle le recyclage chimique jouera plus tard à cet égard, mais il est clair qu’il en jouera un.